Une idée germe au fin fond d'un esprit,
Solitaire et cruel, assoiffé de vies à prendre,
Jusque-là insensible, incapable de rendre
Un soupçon d'humanité qu'il traite avec mépris.
Un déclic s'opère à son insu, le happe,
Le frappe de plein fouet, le fait chercher ailleurs
Un regard, un sourire, attrapés en plein coeur
Qui le font chavirer, passer une autre étape.
Sa vision immédiate se transforme, tire un trait
Sur cette soif qui rend fou et le poursuit sans cesse,
Apprend à regarder, affiner la justesse
De sentiments nouveaux, étranges à partager.
De livide, son teint devient vite sanguin,
D'une émotion qu'il ne connaissait plus,
Sans far, ses yeux sont épris, s'insinuent
Par contacts visuels aux aspects sybillins.
Son approche se fait plus douce, attentionnée,
Face à ce visage d'une beauté si rare
Presque timide à converser, ignare
D'un comportement possible à adopter.
Une main lui est tendue, si tendre et fluette
Qu'il ne peut refuser cette avance tentante,
Victime d'une passion si dévorante
Qu'à l'instant sa voix en reste muette.