Plus sot que ce vampire il n' y a pas dans ce monde,
Souterrain, marqué par un secret de Polichinelle,
Des souvenirs anciens reviennent à la pelle
Quand son esprit s'évade lancé comme une sonde.
Un puits sans fond lui sert de cachette depuis peu,
Un de ces endroits où l'oubli est roi, loin du regard
Des autres, reclus sur lui-même sans aucun égard
Pour sa personne, de plus en plus stupide est son jeu.
Une partie de cache-cache qu'il subit malgré lui,
Sa patience explose et ses hurlements rejoignent
La surface lointaine de ce trou béant, pour que sa poigne
Se réveille dans un élan qui peu à peu le conquit.
Une pluie de pièces tombe dans un tourbillon argenté
Et sort de sa léthargie cet être devenu quelconque,
Emprisonné, ne joue pas à King-Kong
Mais y pense, tout en commençant à grimper.
Idiot et maladroit, il se casse les griffes et les dents
Dans cette ascension à l'aveugle de tous les dangers
Aussi a-t-il sans doute envie de manger
Un bout de gras pourquoi pas imbibé de sang.
Une corde tressée sans discorde lui tombe dessus,
Et rattrape au vol en pleine chute son corps,
Attendu maintenant sur le coin d'un rebord,
Par un sourire qui le surprend, son coeur est ému.
Un vampire se raccroche à une branche de sa vie
Qu'il avait oublié, peut-être en détresse aussi
Ses bras sont suspendus, il n'a pas réussi
A se hisser au niveau de ses espérances enfuies.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé, il s'y force
Par un entraînement moral de tous les instants qui l'empêche
De lâcher prise pour un côté plus sombre, plus revêche,
Qui le pique au plus profond de lui-même comme dans une amorce.
Une ligne de conduite le tient et le berce d'une profonde léthargie
Gommant son esprit de toutes ces aspérités qui l'ont modelé,
L'ont construit, aidé peu à peu à déployer ses dons ailés
Pour prendre son envol et construire sa propre thérapie.
Des images passent, l'interpellent abondamment de flashes,
L'inondent d'une douceur oubliée qui le trempe jusqu'à la moelle
Et le fait basculer dans une énergie qui lui hérisse les poils,
Jusqu'à l'imprégner d'une onde positive qui le sauve d'un crash.
Son cockpit a la peau dure, se protège d'une forte carapace
Afin qu'il se rappelle d'où il vient, même si quelquefois
Des pans se brisent de son ancien temps, avec effroi
Le laisse tomber dans un abîme où la décadence menace.
Une lueur pourtant le frappe et le tire vers la lumière
Jusqu'à faire éclater au final son mal de vivre,
Le fait évoluer vers un autre chemin plus pur à suivre,
Un bien-être oublié qui devient peu à peu son nouveau repère.
La Reine se lance dans un débat sur l'utilité
De se battre, tant elle est supérieure en tout,
Elle a les pleins pouvoirs, traque les matous
Dans sa zone de confort aux aires délimitées.
Un Fou a loupé le coche, et trouve louche
Ce pantin qui a pris le relais par zig-zag interposé
Jusqu'à vraiment au final plus qu'indisposer
La partie qui se dégrade par fines couches.
La Tour prend le soleil sans monter au créneau
Pour se défendre, son inertie lui va bien,
A l'instant a surtout un réel besoin
De se reposer en évitant comme la peste les fléaux.
Le Cavalier se remet en selle constamment,
Il a la bougeotte et rien ne le satisfait,
Mais en apparence n'a pas l'air inquiet
Quand une horde sauvage l'encercle habilement.
Les pions sont pris d'une pure folie
Et rendent coup pour coup aux attaques,
Maintenant aspergés d'une dose de cognac
Deviennent ivres au point d'embrasser l'ennemi.
Le Roi s'est assoupi sur ses doux lauriers,
Plongé dans un sommeil profond,
Ses cauchemars le font se lever d'un bond
Quand son lit persan semble s'envoler.
Une lettre s'envole, ainsi vole la vedette
Aux feuilles qui tourbillonnent d'un air détaché,
Et pour cause, elles se laissent tomber
Quand la missive part faire ses emplettes.
Le vent porte autant que la voix qui l'accompagne,
Par des cris aigus, s'insurge de ne pas passer inaperçu
Parfois brise des tabous et quelques idées reçues
Sur des bouchons qui sautent en Champagne.
Des volets claquent, une brise maligne s'engouffre
Dans un trou béant qui aspirait à se reposer,
Mais les courants d'air font vite se réveiller
Un vampire mal à l'aise dont le coeur souffre.
Une pointe vient percer ses sentiments à vifs
Rongés de remords, assaillis de tourments
Q'un être de la nuit n'arrive pas pourtant
A contrôler, son flair reste évasif
Le message poursuit son chemin, retrouve
L'adresse, illumine l'endroit de sa présence
Pour remettre avec un maximum de chance
Un mot doux à une âme en attente qui s'ouvre.
Des endroits, des pays où les ondes insensées
N'en font qu'à leur tête allègrement, intensément,
Pour prendre le dessus périodiquement
Par un vent de folie impossible à arrêter.
Un oeil regarde et prend le pouvoir en un instant,
Prend peu garde à autrui, jamais ne s'écrase
Surtout quand son pouvoir bien vite arase
Des reliefs peu habitués à ces cruels tourments.
La pluie en trombe se mêle au cyclone avec force,
Prend plus que ne donne, laisse les espaces inondés,
Parfois, par flemme, oublie d'un niveau monter
Mais aime arracher avec bruit les écorces.
Des photos s'envolent, celles d'instants heureux
Parsemés de paysages grandioses, paradisiaques,
Transformés maintenant, apparaissent des cloaques
D'un autre monde qui pouvait espérer mieux.
Les plages de sable blanc pleurent en pure perte,
Les forêts dévastées ne savent où se raccrocher,
Se débranchent d'une naturelle activité
Stoppée nette pour longtemps en position inerte.
La vie s'est arrêtée en mode dégradée, oublie
Pour l'instant combien elle est belle dans son écrin
Maintenant froissée, déchirée, veut croire en un destin
Plus réjouissant, sans nuages, où le courroux a fui.
Un torchon brûle, et se répand par ondes de choc
Jusqu'à cet abri de fortune où dort un vampire
Epuisé par sa nuit imprégnée de délires
Qu'il n'arrive pas à chasser, souvent débloque.
Son odorat est fin, sait reconnaître aussi les peurs
Et les appels à l'aide reçus par télépathie,
Des images lui parviennent, lui accordent des crédits
Illimités qui souvent l'éclaboussent de sueur.
Cette fois les cris sont perçants et font bourdonner
Ses oreilles sensibles, ses sens deviennent plus aigus,
Ce n'est pas son habitude de déplacer "in situ"
Mais une force le tire, le fait maintenant se démener.
Des messages subtils lui parviennent en continu,
Le piquent au vif en brûlures intemporelles,
Son coeur bat la chamade tout en tendant l'oreille
Pour mieux comprendre ses atomes crochus.
Résister est impossible car un danger est imminent,
Et va prendre une vie, peut-être sa bien-aimée future,
Même le jour ne pourra réduire son allure
Quitte à recevoir la foudre sur tout son être impuissant.
Se parer, se camoufler, le fait gérer au mieux
le déploiement de ses ailes vives de chauve-souris,
Bientôt il saura de qui sera épris
Son palpitant, peut-être enfin est-il amoureux ?
On a beau dire ce que l'on veut
La Terre ne tourne plus rond,
Mais ce n'est pas une bonne raison
Pour se voiler la face, soyons sérieux !
Pas difficile pourtant de se rendre à l'évidence
Quand des drames poignants se succèdent,
Et même s'il y a bien des appels à l'aide
Personne vraiment n'écoute, trop d'argent en balance.
Quand on parle d'Economie, il y a de quoi sourire
Sur ce terme inapproprié, on croirait une blague
Quand rien n'est fait, et qu'à coup de hashtags
Le monde se divertit d'illusions, souvent délire.
Pourtant nous sommes des êtres si intelligents,
Une humanité brillante, très étincelante même
Par sa faculté à rebondir, sortie souvent indemne
De situations critiques même en avis divergents.
Mais trop de conflits d'intérêts brouillent les cartes,
Des visions à court terme, visions d'inconscients
Qui se voilent la face sur un bien inquiétant
Constat dans une sphère en colère qui se carapate.
Les volcans toussent aussi pendant que la Terre tremble,
Quand les espèces disparaissent, et que les ressources s'épuisent,
Les feux de forêts mettent bien des pays en crise
Dans un monde mis à nu, à plus rien ne ressemble.
La vie est précieuse, peut-être trop
Pour continuer à exister, et faire les gens s'émerveiller
D'un petit rien, d'une beauté au naturel victime d'un danger
Exempt d'un bon sens qui se perd dans la poche d'escrocs.