Une course contre la montre à ne jamais gagner, une opposition perdue d'avance qui toujours oppresse avec précipitation. Sous la pluie, cette course s'essaie, s'invente un alibi, passe à travers les gouttes. En sueurs froides dans le dos, à trembler, sans prendre son temps. Invisible, sauf à observer le cadran qui tourne. Ce défilement instantané fixe l'inquiétude d'un regard qui assaille, ne sachant où regarder. Pas le temps !
Vite, il faut prendre la route, se constituer une avance. Retarder ce concurrent imprévisible qui doit bien s'amuser à créer des doutes, des absences, des ralentissements même. C'est lui le maître du jeu, le maître du temps de jeu aussi....En montre à gousset se suspend en chaîne, enchaîne, met une distance de sécurité sans risque de perdre, de se perdre sans doute... Pas d'éguille dans une botte de foin, deux éguilles au compteur seulement, de secondes en minutes avancent en rythme, en cadence infernale à ne pas arrêter.
Machine contre muscle, horlogerie géniale qui essaie d'apprivoiser un monde invisible qui nous gouverne, nous fait vieillir aussi...Avec le secret espoir, quelquefois, de remonter le temps, repartir à zéro et remettre les pendules à l'heure. Montre du regard certains signes avant coureur, prémonitoires, qui annoncent la couleur, de temps en temps, suivant les saisons. Assaisonnés d'éléments qui perturbent et font pencher la balance. En toute liberté, sans trop d'équité, c'est une question de poids, lourds ou plumes, par catégories.
Chaque élément a son importance et sa prise de risque, en vitesse :
- de la pluie pour de l'aqua planning,
- du vent pour planer sans planning cette fois,
- de la neige en tempête sans s'emporter à ski à fond la caisse,
- de la glace pour glisser en vitesse, en patins pour éviter la bise,
- un tremblement de terre pour ébranler les certitudes et s'engouffrer dans les failles,
- une tornade pour prendre de la hauteur en tourbillons et survoler la situation,
- un tsunami pour rester dans le vague... à l'âme sur fond de lames qui avancent vers l'intérieur par rouleaux, c'est fort !
- Quant au cyclone, il cumule les éléments et emporte la mise dans les cases, innove en battant des records et en un temps périt.
Même les intempéries essaient de ralentir ces moments qui passent, en faisant tomber des cordes. Des liens pour retenir le temps, à se raccrocher, se décrocher de l'avancée des jours. Déjouer l'insistance à vieillir, en oubliant par l'action, que la nuit rappelle pourtant sans cesse du crépuscule à l'aube.
La course redémarre avec le jour, après l'oubli d'un sommeil réparateur, effaceur de temps. Stoppée par la fatigue nocturne, incontournable, imposée à notre corps défendant, cet élan reprend vie seulement si on le souhaite, si on y pense j'ose dire...
Nous sommes, tout compte fait, aussi les maîtres de notre temps et de l'importance que nous y accordons.