Rien ne change de ce visage figé, impassible,
D'une apparence immuable, trait pour trait,
Le temps ne l'atteint pas, pas plus que la durée
D'un cadran qui n'a plus d'importance, inutile.
Une immortalité au rythme lent, qui s'étire
Et creuse un décalage d'avec la vie courante,
Accentue l'écart, paraît parfois pesante,
Toujours tournée vers l'humain en ligne de mire.
La seule contrainte apparaît en plein jour,
Et sème la panique dès que vient le moment
De se montrer en clair, tout reluisant
D'une envie refoulée vécue non sans atour.
L'ennui assaille ce vampire inerte,
Eloigné de la vie qu'il aurait tant souhaitée,
Perdu dans un périple tellement insensé
Qu'il se donne du temps, se maintient en alerte.
Mais rien ne se passe et comme à son habitude
Attend les signes forts d'une montée en puissance,
D'une rage de dents servie en émergence
De canines baveuses poussées en servitude.
La nuit tombe avec ses dernières illusions lucides,
Une ombre le tire dans la nuit noire,
Le fait voltiger en un vol migratoire
Bien au-delà du réel, sans intentions placides.