"Aie confiance, crois en moi ", Kaa sait trouver les mots justes,
Pour attirer ses proies dans les mailles de ses filets,
Depuis longtemps déjà, il guette ce petit d'homme fluet,
Un mets de choix que par ses yeux sournois il déguste.
Il lui faut attendre le bon moment, le bon endroit
Car il sait bien que ses gardes du corps l'escortent,
Le protègent des dangers dont la jungle s'importe,
Pour l'instant, épie ses mouvements qui font la loi.
Ce serpent n'est pas un python rocheux
Plutôt du style à grimper aux arbres,
A se laisser bercer par ces lianes, pas de marbre,
Se balance verticalement attiré par les cieux.
La nuit bien vite tombe, le sommeil aussi
Sur cette troupe qui a trouvé refuge
Au sommet de ces branches pour transfuges
Qui se laissent aller à des rêves en sursis.
Kaa, prépare ses mots, isole le môme
Si naïf, ensuqué, ne se méfie pas
De cet animal qu'il ne connaît en aucun cas,
Approche son regard de ses yeux si énormes.
Des cercles se forment dans ces pupilles reptiliennes,
Qui s'activent à hypnotiser, à rendre inerte
Cette résistance opposée en pure perte
Par cet enfant élevé par une louve indienne.
A sa merci, cette proie endormie intègre ses anneaux,
Qui en cadence se resserrent, étouffent en silence,
C'est sans compter sur Bagheera, l'oreille de la chance,
Hurlant à son ami réveillé en sursaut.
Le charme est rompu, d'un coup, d'un seul
Mowgli balance les méandres de ce corps tatoué
Dans le vide, tout en bas bien empêtré,
La bascule laisse Kaa cahin-caha, en bris de gueule.
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