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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 00:54

Ils ont une sacrée force ces loups-garous !

Et vous porteraient à bout de bras sans s'en rendre compte. Pourtant, ce n'était qu'une nuit quart de lune, une nuit de plus qui s'évapore au contact du jour. D'un jour au lever serein à la force tranquille, imbattable je dirais même, surtout pour un vampire.

 

Trimbalé, inconscient du danger et sans réaction aucune, toute aide extérieure était la bienvenue pour un être de la nuit, à cette heure du jour où la menace est à son comble. Une vie ce jour-là était sauvée.

 

"Vitesse et rase motte" est un savant mélange très efficace mis à profit par Danny pour préserver son ami promis à une mort certaine.

 

L'abri était proche, empli de pénombre, un refuge de gens incertains isolés dans leurs penchants maladifs. Cette poche de sérénité était bien loin des tourments étalés. Un hâvre de paix dégoté par un loup-garou fureteur en quête d'une certaine sérénité, en balance continuelle avec une agitation de tous les instants.

Aménagé, l'endroit était propre, presque accueillant. Danny ne disait mot, il reprenait son souffle après cette course contre la montre qu'il avait orchestré de main de maître.

 

"Merci " lâcha simplement le vampire reconnaissant.


Le teint livide lui collait à la peau et son regard impassible ne laissait rien transparaître. Mais il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à la vue d'un vase de fleurs fraîchement cueillies placé dans un coin de la pièce. Danny hocha légèrement la tête, mais s'agita rapidement en suivant le regard de son proche voisin. Les fleurs, il n'a jamais aimé ça, une allergie chronique. Alors, en avoir chez lui...

Il s'avança et d'un geste brusque balança le tout dans la pénombre, loin, hors de sa vue.

 

" Et c'est comme ça qu'on est remercié ! " s'insinua une voix au doux trémolo.

 

Alastor, déjà, s'amusait de la situation. Il avait un temps d'avance et dégustait du regard chaque geste et parole.

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 18:48

 

      Dès le dos tourné, les choses prirent une autre tournure, c'était le cas de le dire. Des ombres apparurent de nulle part pour agripper Alastor par les épaules. Certainement les comparses qui guettaient à l'insu de tout le monde, sortes d'hommes à tout faire, plutôt des créatures nocturnes qui obéissent aux ordres sans discuter, jamais. Doigts crochus sur mains malingres, ces serres maintenant maîtrisaient leur proie, peut-être trop tendre pour de vieux briscards habitués aux joutes animées.


     Bizarrement, ce jeune vampire pris au piège ne réagissait pas, peut-être par crainte, peut-être pas. Il essayait de remettre ses idées en place tout simplement, se convaincre d'appliquer la bonne marche à suivre sans avoir à ne rien regretter par la suite. Mais par dessus tout il aimait la liberté, les entraves il laissait cela aux autres, à ceux qui cherchent encore leur chemin dans leur existence.

 

      " Le mien est déjà tracé " pensa-t-il. Et d'ailleurs que pouvait-t-il lui arriver, un vampire n'est-il pas déjà mort ? Certainement mort, mais avec des principes totalement nouveaux depuis peu, ce fameux jour aux allures de sauvetage. Ce lever de soleil comme un autre qui avait un parfum de crime pour les espèces de la nuit.

 

      Si je restais là, à l'instant, c'est une deuxième mort, cette fois définitive, qui m'attendait et je la partagerais avec mes congénères du moment. Il fallait que je me décide vite. Le temps pressait et le haut des arbres commençait déjà à s'illuminer, le soleil n'attend pas.

 

      Alastor était tiré en arrière sans ménagement par des bras solides. Ses pensées confuses fuyaient le temps, échappaient au moment présent qu'il avait du mal à apprécier, tant il était penché dans l'oubli. Il se laissait emmener sans résistance, incapable de la moindre réaction. Perdu en âme et en gestes, il était sans volonté, à la satisfaction de ces nouveaux contacts exta-humains.

 

      - " Bonne décision Alastor, tu n'auras pas à le regretter, je l'espère ... " lança Alex le sourire aux lèvres. Sa mission était accomplie, il en éprouvait une grande satisfaction.

 

     - " Il espère mieux, et une autre famille l'attend. " interrompit une voix, dans l'ombre.

     - " Quelqu'un d'autre a un mot à dire, je vois ! Peut-être le dernier, qui sais ? " trancha le messager lugubre, le regard à l'affût.

 

     - " Lol, le soleil arrive droit sur toi, j'attends de voir le spectacle. Je ne suis pas pressé et de toute façon Alastor vient avec moi, sa famille est en danger "  énuméra l'inconnu surprise, sûr de lui.

     - " Tu parles trop, ou pas assez, mais je n'ai pas le temps de discuter. Passe ta route ! " ordonna le chef vampire, qui avait d'autres chats à fouetter.

 

      Le réveil d'un vampire peut faire mal, en toute circonstances, surtout d'un jeune vampire, plein d'idées bouillonnantes dans la tête, en pleine analyse. Ses gestes maintenant explosaient par réactions, projetaient sa force retrouvée sur ses entraves physiques qui le maintenaient. Il n'avait, pour l'instant, aucune conscience de sa force réelle, en l'absence de tests sérieux. Son désir de liberté prenait le dessus, d'un coup, d'un seul, par saccades il se dégageait. Sa cruauté était à la hauteur de sa souffrance, il était maintenant sans pitié. Pauvres adversaires qui goûtaient à son énergie nouvelle, balancés, propulsés dans les airs et déchirés dans leur chair par des crocs trop puissants, aiguisés comme nuls autres.

 

      Le soleil acheva le travail, en plein vol, en pleine ascension vol plané. Contact foudroyant pour une fin instantanée, qui maintenant laissait épars ces êtres de l'ombre en de fines particules scintillantes.

 

      Alex avait disparu dans l'ombre, le fil de son histoire était pour lui un échec.

 


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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 11:10

 

      Ce vampire ressemblait à un saltimbanque, un troubadour du Moyen-âge. Tout en longueur, il avait la tête surmontée d'un chapeau rayé et farfelu, style "chapiteau". Dire que je me moquais de Danny, aux allures de clown, avec ses manières de Loup-Garou, mais là il y avait de quoi dire aussi. Toutefois, je sentais son regard perçant, la puissance que dégageait son être surnaturel et certainement que son expérience devait dépasser de loin la mienne.

 

      Ma maladresse jusqu'à présent était criarde, le premier signe visible était cette aile que je trainais comme un malheur. Cachée sous ma cape, elle avait du mal a contenir son agitation mais je savais pourtant que je pouvais lui faire confiance le moment venu.


        Le besoin d'en savoir plus me ramena au contact, je lançais à son encontre :


        - " Tu dis "nous" mais je ne vois que toi. Où est le reste de la troupe ?

       - " Ils ne voulaient pas attendre la fin de ton carnage, mais ils ne sont pas loin. Eux aussi ont les crocs, moi ça va pour l'instant. Je m'appelle Alex et je viens de très très loin."expliqua l'inconnu d'un trait.

      - " Et tu me connais?

      - " Bien sûr ! On nous a demandé de te surveiller et nous étions là lors de ton passage à l'état de vampire. Drika ne croyait pas que tu survivrai, mais tu es très solide. Plus tard, tu seras un chef si tu franchis les étapes et surtout si on te laisse faire..."


      - " Ah !  Le monde est aussi hostile chez les vampires. Le sang manque ? Les carnages sont vos lots quotidiens et il faut quelquefois des plats plus relevés ? Ne t'inquiète pas,  je ne suis pas intéressé. Je suis un vampire solitaire, le tourment me pèse et ma tête est tournée vers mon passé dont j'ignore tout. Raconte-moi..."


     - ' Surtout pas ! Celui qui t'a mordu te dira s'il le souhaite, ce qui n'est pas gagné... Tu dois nous suivre, nous sommes venus te chercher sur ordre. "

     - " Je suis mon seul maître, je te l'ai déjà dit. Mes sens me guident vers un autre chemin qui doit me mettre à l'abri et qui m'attire intensément. Heureux de t'avoir rencontré ce soir, tu es le premier de mes congénaires que je vois. Il est temps pour moi de prendre congé avant le lever du jour.

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 22:02

 

      Seul, il semblait l'être, hormis ses invités surprises réduits au silence. Le côté surnaturel avait repris le dessus, tout son corps le ressentait maintenant. Son esprit était vif, ses pensées balayaient son environnement immédiat en continu. Les sens d'un vampire ne le trompaient jamais et ce soir des présences se faisaient sentir, là, en attente, à quelques mètres. Une voix vint rompre le silence pesant  :


     - " Nous désespérions de te voir à l'oeuvre Alastor. Tu deviens un sérieux concurrent maintenant, trois d'un coup ! Waou ! "

     L'apostrophe venait des arbres, un son aléatoire issu de cet épais feuillage juste à côté. Mais Alastor n'avait pas la tête à répondre et jouait l'ignorance. Le plus important pour lui, à l'instant, était de rassembler ces corps sans vie, de leur donner bonne posture comme pour se faire pardonner d'une telle action sanguinaire. Les corps assis, appuyés contre un arbre, semblaient dormir paisiblement aux côtés d'un monceau de volatiles plumés. Prendre des vies ne le remplissait pas de joie, il le faisait pour survivre et continuer ainsi son parcours vital.

   

     A l'abri des regards et dans une autre catégorie, il montait en puissance, rien maintenant ne pouvait plus lui arriver, pensait-il.  Les discours autour de lui glissaient sur son teint livide et si impassible. Seuls ses yeux trahissaient ses pensées, son désir du moment, et rompaient ainsi son armure de glace, protection ultime d'un vampire contre les coups de chaud.


     Sa voix se fit entendre, comme un cri perçant :


     - " Tu me connais à ce que je vois, moi non. Montre-toi un peu et faisons connaissance, j'ai besoin de parler ! ".

     La solitude lui pesait depuis son départ précipité, les filles lui manquaient, comme un lien vers un monde meilleur, un monde auquel il aurait voulu appartenir encore. Ses pensées gardaient le contact, par visions interposées. Mais la réalité du moment c'était cette rencontre qui pouvait peut-être lui en apprendre plus sur lui, sur ce qu'il était. Un blanc de vie qui le poursuivait au gré de ses réflexions et qu'il espérait par dessus tout combler.

 

     - " Tu es un artiste, beau tableau champêtre. Mais tu aurais pu nous en laisser un. Nous les suivions depuis un moment  " avança la même voix, qui présentait maintenant un visage.

     - " Avais-je le choix ? Et de toute façon, j'étais très affamé. "

     - " On a toujours le choix, des proies...Ahahaha. Succulentes n'est-ce-pas ? Un goût de gredins certainement ceux-là ! Mes amis te diront que ce sont bien les meilleurs. Un goût très fort de cruauté, un méchanceté que l'on fauche avec plaisir. "

     - " Je n'ai pas encore eu l'occasion de comparer, mais j'ai en moi un sang qui me tient à coeur et qui m'a grandement sauvé la vie, un certain jour. Un sang d'une pureté qui vous laisse sans voix, vous rend serein. "

     - " Tu m'intrigues, où puis-je trouver un tel délice ? "

 

      Alastor regrettait d'en avoir trop dit. Un vampire reste un vampire, et celui-ci ne pouvait comprendre certains sentiments humains qui s'infiltraient depuis dans son âme tourmentée. Ce sang dans ses veines faisait son oeuvre lentement, le liait étroitement peut-être indéfiniment à un autre destin. Cette idée ne lui déplaisait pas.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 23:00

 

       Alastor se sentait libre maintenant. Cette situation, il l'appréciait, mais le laissait seul face à son destin de vampire. Sans écoute, ni garde-fou, ce Prince de la nuit, lâché en nocturne, déambulait dangereusement à la recherche de convoitises sanguinolentes.

    Mais il avait changé, sans doute, mentalement et physiquement transformé par ses épreuves. Plus humaines, ses pensées retournaient souvent vers ces moments qui comptent dans une vie, ces instants partagés. Visages humains si familiers maintenant, attendrissants même, qui emplissent l'esprit de douceur et d'apaisement.

 

      Encore maladroit, il avait raté sa transformation cette nuit. A moitié réussie, elle avait laissé son corps partagé. Il trainait depuis une aile ciselée, comme un fardeau, une empreinte de son état surnaturel qui se manifestait malgré lui. Son chemin cependant était tracé, les volatiles en savaient quelque chose, éparpillés au sol au gré de son avancée. Un vampire a besoin de ses doses pourpres, même de moindre qualité.

     Mais ses pas le guidaient maintenant vers ce lieu qui avait failli le perdre, un petit matin. Il se rappellait à l'instant, par flashes, les scènes de ce passé récent, de ces regards échangés, furtifs.

 

      Une main se posa sur son épaule, fermement.

 

      - "Hé, l'ami ! on dirait que tu es perdu. Et l'endroit est drôlement sombre. " avança une voix rauque.

      - " Drôle est le mot juste, vous avez raison. Perdu, je le suis aussi, mais intérieurement. " lâcha le Penseur contrarié , se retournant bien vite.

      - " Drôlement perdu donc. On peut te réconcilier avec toi-même, mes amis sont derrière, juste-là. " lança cet homme de forte corpulence, le doigt pointé derrière l'épaule d'Alastor.

 

     Certainement maladroit encore, Alastor avait cependant les sens très aiguisés, et cet inconscient n'imaginait même pas à quel point il connaissait, au millimètre près, l'emplacement de ses acolytes.

 

     - " Je suis perdu mais pas autant que vous, vous l'êtes trois fois plus. Mais peut-être bientôt, cela n'aura-t-il plus d'importance..." développa le Philosophe, en pleine concentration.

 

     Des signes de têtes annonçaient de prochaines minutes agitées. Et même si Alastor ne voulait pas se résoudre au pire, son instinct lançait des signaux. Quelques armes sortirent des manteaux, blanches aux reflets mortels, lames aiguisées aux parfums de drame qui prenaient leur envol. Zig zag éclair sur appui de pénombre, le Fantôme ailé s'inventa voltigeur, planeur de l'impossible.

 

      Le sourire du vampire est terrible pour les proies à l'arrêt, figées dans leur incompréhension. Bien moins cependant que les crocs plantés profondément dans les jugulaires en quête de sang. Le scénario se déroula ainsi en quelques minutes. Combat surnaturel et inégal, il vit voler les armes à tour de rôle balayés d'un coups d'aile, griffes émergentes déchirant  d'une force redoutable habits et chairs mêlés en masque de douleur. 

     Les trois corps étaient à terre gesticulant de vie aux allures automates,  par gestes saccadés annonciateurs. L'estocade vint lentement mais sûrement, le temps ne comptait plus. Un repas de vampire qui redonnait de la force, le premier digne de ce nom pour un regain de confiance.

   

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 19:08

 

      Des courses poursuites après Tylia, elles en avaient l'habitude, alors une de plus ou de moins...Mais là, dans le noir, c'était une autre paire de manche. Leur petite soeur avait un avantage certain, vive et rapide, elle les avait semés en quelques instants. La vie était un jeu, un terrain d'amusement continuel qu'elle agrémentait au fil de ses fantaisies. Cependant cette fois-ci était particulière, l'endroit dangereux, aussi, en proie à diverses inffluences qu'il ne fallait pas déranger n'importe quand, n'importe comment. Certaines rencontres étaient possibles, et pas forcément très agréables.

 

     - " Tylia ! Reste avec nous, ou tu n'auras pas ce que tu veux ! " tenta Milly, aînée et responsable de sa petite soeur.

 

     Le temps semblait une éternité, mais des lueurs apparaissaient maintenant, quelques pas encore... 

     Lumière braisée venue de nulle part sur fond de retrouvailles, le tableau était réconfortant. Tylia attendait, accoudée à un tabernacle au milieu de cet espace aménagé qui rassemblait aussi des objets en quantité, disparates. Le bout de chou semblait contrarié, elle avait la mine boudeuse, sourcils froncés.

 

      - " Il ne fallait pas parler, ils sont partis maintenant, voilà ! " s'insurgea l'enfant en colère.

       Ses soeurs l'ignorèrent, le temps d'arriver sur les lieux et d'effectuer les contrôles d'usage. Elles devaient fouiller les moindres recoins pour éviter les mauvaises surprises, Trop d'ouvertures étaient présentes à ce "carrefour des mondes", comme elles l'appellaient familièrement, plus que d'habitude même. Une convergence des forces se faisait sentir avec insistance, des présences étaient sur le point de se manifester ; c'était une certitude.

 

     - " Les mains sur le tabernacle, maintenant ! " ordonna Milly, qui n'aimait prendre aucun risque en toutes circonstances.

      Lycia agrippa l'enfant et le serra contre elle énergiquement, appuyée à la pierre froide.

      Des échos parvenaient à l'instant de ces ouvertures qui prenaient de l'ampleur. Chemins d'accès venus d'ailleurs vers ce lieu sacré s'il en est, empreint d'une vie qui attire, attise la curiosité. Un intérêt dont les trois soeurs n'avaient aucune idée pour l'instant. L'avenir proche les renseigneraient, mais leurs mains, plus que leurs esprits, étaient prêtes à toutes éventualités. Paumes sous capes sur des armes emportées à la hâte, qu'elles connaissaient cependant à la perfection.

 

     - " Qui est là ? Présentez-vous ! " émergea une voix issue de l'ombre. Des ondes affluaient, virevoltaient autour du tabernacle, centre de toutes les attentions. Regards furtifs aux reflets colorés ou lointaine vision d'êtres que l'ombre sécurisait, ce premier contact semblait déterminant.


     - " Qui peut me voir, doit être vu ! c'est ma seule réponse pour l'instant. " informa Milly, le ton très ferme.

     - " S'il en est ainsi, je rejoins ton souhait ! " répondit la voix inconnue. Des mouvements se firent entendre, frottements de gestes rythmés par l'avancée de pas. Une main patiemment sortit de l'ombre...


 


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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 23:15

 

     Procession de soeurs vers un endroit secret, tel était la logique immédiate d'une troupe désemparée. Un besoin d'appui, de conseils aussi pour cette jeunesse qui avançait vers un territoire semé d'embûches où rien n'était joué, rien gagné d'avance. De couloirs tortueux en dédales sombres, elles descendaient  maintenant les marches d'un escalier à la lueur d'une torche.
     Les ombres dansaient leurs sarabandes infernales sur les parois de roc. Mouvements inquiétants d'un univers où l'infiniment grand rejoint le monde des petits pour se confondre en excuses fantômes. Mélange étrange de féérie cauchemardesque où le temps ne compte plus, un espace oublié qui resurgit en lueurs.

      Des portes apparurent, là, tout en bas, à la vue de ces adeptes des profondeurs, chercheurs d'un genre nouveau où l'ombre prévaut sur la lumière. Pas de gêne, ni de peur, sur ces visages méconnaissables qui semblaient flirter avec l'irréel. Poignets de portes à portées de mains, l'hésitation ne faisait pas partie du plan, bien ancré dans des souvenirs lointains et puissants.

- " Prends la clef Lycia, tu dois passer la première, tu le sais ! lança solennellement Milly.
- " Oui, ça ne change pas. Je connais tout cela, ne t'inquiète pas ! " rassura Lycia d'un air détaché.

     La clef passa de main en main. Un objet du destin conservé précieusement, qui maintenant brillait de mille feux, semblait prendre vie au fil des secondes. Eclats et  lumières inondaient les lieux, accompagnaient le déplacement vertical de cet instrument indispensable. Une attraction se mettait en place, sous le regard de Lycia qui maintenant fixait les portes, qui à leur tour se déplaçaient.
      L'esprit vivace de la jeune fille orchestrait le bal, synchronisait les moindres mouvements alentours.  Ce flamboyant laisser-passer, dans un tourbillon visuel, se transforma bientôt en flèche et pointa la seconde porte, qui maintenant ralentissait sa course. Le socle de la porte, réceptacle occasionnel, trembla sous le choc de cette arme redoutable parvenue à sa cible. Un battant s'ouvrit dans un grincement lugubre, laissant une ouverture béante et peu engageante.

- " Suivez-moi doucement, je ne vois pas trop où je marche ! chuchota dans un souffle Lycia.

     Elles étaient bien trois, trois soeurs en marche, pour le bien. Tylia se faisait discrète depuis le début, profitant de sa petite taille pour se la jouer invisible. Bousculer les habitudes, elle aimait trop et préparait toujours à l'avance un plan de ses actions futures.

- " C'est par là, je vois trop bien dans le noir ! " triompha l'enfant terrible, qui cependant, naviguait avec deux mini-torches aux poignets. Elle dépassa tout le monde comme à son habitude, pour disparaître aussitôt dans la pénombre, au nez et à la barbe de ses soeurs médusées.
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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 22:45

     Le calme régnait maintenant dans le logis. Mais le chamboulement était perceptible, tant dans les têtes que dans les faits. Un sentiment d'impuissance prédominait malgré la somme d'efforts accomplie ces derniers temps.

     Lycia, décontenancée, tenait la tête entre ses mains et pleurait, consciente de son échec qu'elle n'avait pas vu venir. Ce vampire, elle croyait sincèrement pouvoir le changer, le guérir de tous ses maux, malgré lui. Investie, dès la première heure, dans une manoeuvre de sauvetage, son sang alimentait les veines d'Alastor, par doses injectées à intervalles réguliers. Ces sacrifices, elle les acceptait sans broncher, mais à présent c'est toute une partie d'elle-même qui s'en était allé.

     Milly avait laissé faire. Contre depuis le début, elle avait capitulé devant l'entêtement de sa soeur, qui lui reprochait d'avoir sauvé, en son temps, Danny d'une mort certaine aussi.

      - " Veux-tu que je consulte, Lycia ? " avança Milly.
      - " Oui, je ne veux pas le perdre ! "  s'inquiéta-t-elle en séchant ses larmes.

      - " Moi en tout cas, je n'irai pas consulter. Les piqûres de moustiques ce n'est pas si grave, je reste là encore un peu. "  balança le fantasque Loup-Garou, un os toujours entre les babines. En fait de piqûres, c'étaient les deux seringues que la moitié d'animal avait reçu dans les fesses sans qu'il s'en rende compte. Tylia n'avait pu viser correctement dans la précipitation, bousculée par Alastor, ou du moins une copie munie d'ailes, façon vampire mauvais genre.

     - " Tu devrais enlever les seringues Danny, ou sinon tu vas devenir un vampire ! "  avança la petite fille, petit sourire aux lèvres, qui voyait la scène dans sa tête. Inventer une nouvelle espèce ne lui aurait pas déplu.
     - " Aahhh, mais ça fait mal ces trucs. C'est tout gluant, je me demande comment il peut boire ça, l'autre. Pas étonnant qu'il soit énervé, boire c'est bien, mais se nourrir c'est mieux ! " débita d'un trait cet adepte du manger vrai, qui n'avait jamais autant parlé.

     - " Je vois que le sang te fait du bien, je vais t'envoyer la dose qui reste !  riposta Milly, qui faisait mine de se démener.
     - " N..Non merci, finalement il faut que je parte...ailleurs ! lâcha-t-il en reculant son siège.

      Danny était maintenant un habitué des lieux, où il avait ses entrées. Pacifié, pour l'instant, il appréciait l'accueil de cette famille chaleureuse. Comme un besoin qui devenait nécessité. Tylia s'était approchée, et comme à son habitude tirait les manches pour se faire entendre dans un chuchotement :

      - " Vas protéger Alastor, il ne sais pas se défendre..."

      Regard de Loup-Garou sur Bout de Chou, il acquiesça d'un signe de la tête vers sa petite soeur adoptive. Il prit ses jambes (ou ses pattes) à son cou et disparut dans la nuit par la fenêtre béante.
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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 23:57

      Cet afflux d'humanité bouleversait Alastor. Sa tête était pleine de sensations nouvelles, à l'inverse de sa nature cruelle et sanglante. Les battements de son coeur trahissaient une émotion à fleur de peau qui modifiait sa perception des choses. Mais, des questions restaient en suspens, il lui fallait des réponses sur le champ.

      - " Pourquoi moi ? " risqua l'apprenti humain à l'attention de Lycia. Il avait conscience maintenant que la statue de ses rêves revêtait son visage, dans un scénario qui défilait à l'infini. Sorte de message qui l'éloignait de ses frasques, une obsession dévorante qu'il ne comprenait pas.

      - " J'avais rendez-vous avec toi, cette rencontre était prévue. " déclara l'intéressée qui s'attablait à son tour. Le repos ça creuse aussi, elle entâma avec appétit un plat de pâtes servi par la plus grande de ses soeurs, qui était une mère pour elle.
      - " Que veux-tu dire par là ? insista l'assoiffé, qui, à l'instant, vidait son verre sans vraiment s'en rendre compte.
      - " Je détecte les êtres en perdition, les âmes qui peuvent encore être sauvées du néant, de l'ombre. Mes visions m'ont conduite vers toi. Le lieu, l'heure, je savais tout. " expliqua-t-elle entre deux bouchées.

      - " Et que vois-tu de mon avenir maintenant ? insista-t-il.
      - " Je ne commande pas mes visions, elles s'imposent à moi. Mais, parfois je peux avoir de l'aide extérieure... "
      - " Merci de m'avoir sauvé, je me rappelle de tout maintenant..."
     - " Non, pas de tout Alast, tu pèses ton poids tu sais, un vrai sac à patates. Heureusement que tu n'avais pas eu ta dose de sang. Trop drôle ! " ajouta l'enjoué Loup-Garou, qui s'exclaffait maintenant.

      Que me voulait-il encore celui-là ? Toujours à prendre la parole quand il ne faut pas, encore et encore. Sa jovialité avait de quoi agacer, cette insouciance du bienheureux bien loin de toute réflexion, de toute projection vers l'avenir. Je passais du stade "d'apaisé" à celui "d'énervé" et sentais monter en moi une tension intransigeante. Une agitation incalculée me gagna et m'affola sur le coup. Mes yeux se fixèrent  sur un point fixe, la pendule murale face à moi. Mon horloge biologique s'y cala. Déjà minuit moins cinq ! Une voix intérieure, toujours la même, m'interpella, comme pour me rappeler un rendez-vous nocturne inéluctable.

     Tylia veillait au grain, elle sentait bien que les choses ne tournaient pas rond. Les indices étaient pour elle facile à déchiffrer depuis toujours. S'approchant comme d'habitude avec discrétion, le petit bout de chou tira la manche de sa soeur avec insistance. Et chuchota :

      - " Les doses ! c'est l'heure ! "

      Lycia parut affolée, un moment d'absence teintée d'éternité. Déjà, Alastor, qui jusque là avait repris un visage pratiquement humain, s'était levé, le regard transparent, les traits fermés. L'attitude incertaine de ce vampire tourmenté jeta un froid dans toute la pièce, que la petite fille venait de quitter à l'instant d'un pas leste.

     - " Ne restez pas là, tous, écoutez-moi, je vous en supplie ! " articula lentement la silhouette immobilisée. L'heure tournait, pas forcément en sa faveur, il le savait. Le premier coup de minuit maintenant sonnait, comme un glas.

     Tylia, de son côté, se dépêchait, essayait malgré son jeune âge d'appliquer les directives contraignantes qu'imposaient  la situation du moment. Pistolet, doses sanguines, seringues, tel était le cocktail explosif qu'elle venait de concocter en un temps record. Déjà le huitième coup de minuit, ses jambes volaient littéralement. Dix ! plus que le couloir à entreprendre. Onze ! la cuisine est en vue. Douze ! juste le temps d'armer, ses petits doigts s'y préparaient.

     Les battants "saloon" de la cuisine s'ouvrirent violemment, laissant la petite fille seule avec son inquiétude. Des battements d'ailes, deux coups de feu tirés au hasard, une ombre qui s'échappe dans un fracas de vitres. Une scène à vivre au ralenti pour plus de compréhension, mais qui laissa un parfum de panique, de cauchemar...
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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 19:11

      Deux battants s'ouvrirent sur une large pièce, un endroit accueillant, fleuri à tous les coins. Le désordre était resté tel quel, dans la précipitation. Déjà, Milly s'activait, plus par appétit qu'autre chose, son idée fixe en tête. Tylia s'occupa naturellement de ses invités, qui semblaient tout penauds.

      - " Vos places sont là, à côté de moi, je reviens. " affirma l'enfant réjouie. Elle joignit le geste à la parole en accompagnant gentiment les deux êtres mi-humains vers un coin de la table où deux chaises attendaient ces occupants hors normes.

      Alastor fut le premier à prendre une initiative. Son interlocutrice privilégiée lui avait dit une vérité, il en avait conscience.  Non, un vampire n'est pas un épouvantail, les deux seringues volèrent sans ménagement vers une poubelle toute proche. Agissant en confiance, pour l'instant, il admirait la force de caractère de cette fille aux ressources insoupçonnées. Une attirance était en train de naître, confortée par un éclat de sourire posé sur lui, qu'il vérifia sans peine. Son teint hâlé vira au rouge, et ce n'était pas de la colère.

     Attablée, la famille hétéroclite contemplait le repas fumant posé devant leurs yeux. La petite prévoyante prodigua les derniers conseils aux invités sur les manières convenables à table, à grands renforts de mimiques. Milly la devança en paroles d'un bref  :

      - " Go ! "
 
     Le comportement de Milly était maintenant digne d'une compétition. Se jeter sur la nourriture lui procura un plaisir très visible de tous. Arrachant les morceaux de poulet d'une main ferme, elle se régalait sans compter de ce festin tant convoité, par bouchées doubles, les unes après les autres, en séries.
     Tylia resta bouche bée, tout comme les voraces convives qui faisaient des efforts louables pour découper les victuailles, couverts en mains. Le monde s'était ainsi inversé en quelques secondes par un vent de folie inattendu sur une scène quotidienne digne du théâtre.

     Danny se faufila dans l'ouverture. En bon Loup-Garoup, il se mit à dévorer avec empressement ce repas ainsi promis à ses mains toutes en griffes.

     - " Désolé pour toi Alast ! si tu manges, tu vas te consumer de l'intérieur, et tu aurais tort. Alast...tor, trop drôle ! " balança l'Olibrius, qui se délectait aussi des jeux de mots imbéciles.
     - " Les bêtises, ça fait fondre le cerveau, aussi " ponctua Tylia, qui tenait à manger correctement.

      Alastor ne broncha pas, et avala sa première bouchée depuis longtemps. Il dégustait lentement sa nourriture, que dis-je, ce mets délicieux qui trouvait grâce à son palais délicat. S'abaisser à des attitudes bestiales n'était plus pour lui dans ces moments de grande lucidité, de contrôle total de son instinct. Il avait rejoint le camp de Tylia et regardait, les sourcils froncés, les forcenés du manger féroce.

     Milly arrêta un moment son élan d'affamée pour regarder son entourage. Elle perçut de suite l'image qu'elle véhiculait à l'instant, et reprit conscience qu'en qualité d'ainée elle se devait de montrer l'exemple. La sagesse prit le dessus d'un coup.

      - " Bonjour tout le monde, je vois que les choses s'arrangent ! " s'exclama d'un air guilleret Lycia qui émergeait enfin de son sommeil.

     Mais la douceur, par moment, n'était pas son fort et son énergie renouvelée plaidait pour un mouvement plein de poigne. Sans prévenir, elle agrippa le coup des deux pauvres malheureux qui se restauraient, et les rapprocha tête contre tête. Rassembler, elle aimait et termina sa mission par deux grosses bises sur les joues de ces ennemis si héréditaires.


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  • : Le blog de Topirate
  • : Mon Blog s'écrit en poésies, les thèmes abordés sont très variés (l'univers vampirique prédomine cependant) et toujours relatés avec une pointe d'humour, quand le sujet le permet. Pirate au grand coeur, conteur et raconteur d'histoires, mon autre grande passion est le dessin, surtout les portraits féminins. Divers articles ponctuels et photos sur le sport ou la vie courante complète ce blog, qui, je l'espère vous plaira.
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