Le blog de Topirate

Mauvaise donne pour ce promeneur bien habile,

Archéologue à ses heures, il est entré dans un lieu interdit,

Pourtant condamné, protégé par l'oubli

D'un chemin tortueux en aucun cas facile.

Bardé de plans, il fait fi du danger,

Ne croit guère à toutes ces superstitions

Accumulées au fil du temps, en additions

De forces occultes que personne ne souhaite rencontrer.

Adepte "d'Indiana", il a poussé cette porte murée,

Par bascule s'est ouvert des horizons nouveaux,

A bien vite trouvé des lumières "brasero",

Pour y voir plus clair dans ce monde inexploré.

Des sculptures apparaissent au fil des recoins sombres,

Scènes barbares, fresques d'un autre âge révolu

Pense-t-il, à l'examen de ces pièces inconnues

Taillées dans le roc, avec peine se dénombrent.

 Des cliquetis s'annoncent au moindre de ses pas,

Pourtant précautionneux, il ne connaît pas tout

      Intéressé très vite, il se met à genoux

Et furète, croit en sa chance, son "aura".

L'impatience parfois fait faire des bêtises,

Actionne quelquefois quelques mécanismes,

A laisser bouche bée dans un réel mutisme

Proche de la peur, d'une certaine hantise.

Déplacer les objets, prendre des risques

Ne peut s'en empêcher, en réflexes idiots,

A l'instant, un bruit imitant un jeune chiot

Le fait sursauter, pire qu'un damalisque.

Un tabernacle s'ouvre, suivi d'une main fine

Qui le pointe du doigt sans le voir,

 Une tête passe au-dessus de miroirs,

Aucun reflet cependant ne se dessine.

La légende était vraie, celle de ce vampire

Enfermé, suite à un chagrin d'amour,

Souhaitant la solitude, restant sourd 

A l'appel du sang, pour lui un souvenir.

"Docteur Jones bis" n'a pas le temps de réfléchir,

Prend ses jambes à son coup bien vite,

Ne se retourne plus, ne cherche aucune invite

Disparaît dans la nuit sans vouloir revenir. 

Je déambule maintenant comme une âme en peine,

Loin d'un chez-moi que je ne reverrai plus,

Cette morsure a, à tout jamais, rompu

Le lien d'avec cette vie que je croyais sereine.

Je t'aime, je le dis tant que je le peux,

Tant que j'y pense aussi, car mes idées se brouillent,

Cette brume insistante m'étouffe, mon visage se mouille

De larmes incontrôlées, impuissantes, comme un aveu.

Les sécher ne sert à rien, c'est un flot important

Qui m'assaille, déferle sur mon triste sort,

Sur un avenir figé qui a perdu le nord,

Un coup d'arrêt qui me lance un défi prenant.

La douleur augmente, me rend d'humeur fragile,

Guide mes pas au hasard de ces rues si désertes,

Au petit matin, ne me rend pas plus alerte

Que ces images tronquées d'un passé qui défile.

Ce tournis de visions emporte les traits de mon esprit

Vers ce gouffre sans fin, ce trou noir absolu

Qui engloutit tout, d'un appétit féroce, devenu

Un monstre de solitude qui tend vers l'infini.

Un nouveau jour se lève, je pense disparaître bientôt,

C'est toujours mieux que cette vie emplie de cruauté

A chercher en vain un doux rêve à caresser,

Mais rien ne se passe, peut-être demain, à rendre dingo.

Le jour dit, les mains enlacées, un couple vampire sort

Pour s'offrir ces cadeaux dont ils rêvent tant,

Et briser leurs habitudes d'éternels mutants

Confinés à l'extrême dans les mêmes décors.

Cette Saint-Valentin est un moment sacré aussi pour eux,

Une trêve qu'ils s'accordent une fois l'an

Parmi les humains, à célébrer ce doux instant

Aux reflets fleuris, sans arrières pensées, heureux.

Des mines réjouies qui contrastent d'avec leurs masques,

Loin du froid glacial qui les caractérise d'habitude,

Ils ont fait un effort particulier, oublient leurs coutumes

De vampires assoiffés surtout connus pour leurs frasques.

S'amuser prime à leurs yeux, ressentir d'autres sensations

Qu'un amour complice comble au plus haut point,

A se manger d'un regard de braise, en partage, non loin

De ce désir d'échanger de doux baisers à l'unisson.

Les mains restent enlacées, se resserrent même d'un cran,

Fort de ce lien intense qui les unit, ils caressent le secret espoir

De passer leur vie, leur éternité ensemble, tous les soirs,

Des nuits entières à s'aimer d'un amour qui défie le temps.

Les places sont chères dans cette assemblée vampire

Théâtre de luttes intestines, à couteaux tirés,

Les clans se font face prêts à s'affronter,

Si cela est nécessaire au sein de cet empire.

Il faut de tout pour faire un monde,

Même dans celui où ces êtres font leurs lois,

Personne n'est au-dessus, sauf le suprême Eloi

Qui les guide parmi les âmes d'outre-tombe. 

Les démons investissent les esprits de certains,

Figent ces visages dans d'atroces figures,

Les regards d'épouvante, les traits qui se fissurent

Pour laisser place à des faces de requins.

Prédateurs implacables par actions inhumaines,

Machines à prendre les vies qui se présentent à eux,

Insatiables, rejettent le débat houleux

De congénères qui voudraient une vie plus sereine.

Les côtés sombres parfois s'éclaircissent

Par idées novatrices appliquées malgré tout,

A chercher des moyens, quitte à nier les atouts

D'une confrérie pour qui les proies sont un délice. 

Difficile combat entre le bien et un mal cruel,

Bien ancré, en malédiction qui traverse les âges,

Peut-être un jour deviendront-ils plus sages

Recherchant au fond d'eux-mêmes une étincelle.    

Rarement ses yeux ont vu des larmes

De joie ou de tristesse, couler sur ses joues,

La naissance d'un enfant y contribue beaucoup

Par doses d'allégresse, en douces attentions s'arme.

Un visage dur qui s'éclaircit un peu,

Détend des traits sombres venus d'une autre vie

Où l'émergence vampire l'avait conduit

A se replier sur lui-même sans aucun aveu.

Puis, cette rencontre humaine et si belle

Au détour d'une rue, quelques mois auparavant,

Un coup de foudre tombé à l'improviste pendant

Une de ces virées dont il a le secret, il se rappelle.

Une idylle qui dure et entretient la flamme

Déclarée, préservée au fil d'un certain temps,

Une solide histoire d'amour construite en attendant

Un signe du destin vécu sans aucun drame.

Tout se fit dans l'ordre jusqu'à ce jour béni,

Où un cadeau tomba du ciel, apparut,

Imposa sa présence, ils ne l'attendaient plus,

Bouleversa un rythme plus ou moins établi.

Bien que petit il est grand ce bonhomme,

Réclame à manger et à boire aussi,

Du sang peut-être, du lait ce n'est pas dit,

Le père veut qu'il lui ressemble, la mère s'étonne.

Elle veut conserver cette part d'humanité

Que procure l'allaitement traditionnel,

Lui, prépare des cocktails rouges fusionnels

Dans l'espoir d'une attirance spontanée.

Le bébé boude ces parents qui se chamaillent,

Qu'ils le veuillent ou non, il est un vampire humain

S'avance au buffet, met de l'eau dans son vin

Et préfère déguster sans soif un lot de victuailles.