Le blog de Topirate

Un vampire s'est endormi sans crier gare

Dans un abri de fortune, un endroit désolé,

S'il avait pu au moins choisir un canapé

Sa mine serait meilleure, son teint moins blafard.

Son sang vaut bien celui d'un autre en tout cas,

Cette mouche "Tsé-Tsé" l'a bien compris, elle s'en délecte,

Assoiffée à longueur de temps telle un spectre,

Sa vision multiple cause bien des tracas.

Un buveur de sang en chasse un autre

En silence, le témoin se passe en douceur,

Même si un cauchemar suit à cent à l'heure

Au gré de battements d'ailes qui s'entrechoquent.

Une chauve-souris refait surface, son ouïe est fine,

Le vent chaud berce ses pensées très volatiles

Mais le jour pointe, des lueurs se faufilent

Jusqu'à ce corps qui se reforme comme un mime.

Le sourire est forcé, un rictus qui fait surgir

Des canines acérées, des armes redoutables,

La loi du plus fort par actions détestables

Ponctuées de hurlements, comme un lion sait rugir.

Il n'est plus temps de réfléchir, c'est la fournaise

Qui s'abat sur un être immortel, en principe,

Un super démon qui, sur le coup, est du type

Fragile, sa peau a un parfum de braise.

Un cri se fait entendre dans la nuit, un réel tintamarre,

Un hurlement, au final, qui n'a rien d'humain,

Prolongé si souvent jusqu'au petit matin

Qu'Il hante allègrement les pires cauchemars.

Un vampire cherche vraiment à se faire peur

A force de déambuler dans les coins sombres,

Pourtant, éviter ainsi la foule en nombre

Est un jeu curieux sans réel bonheur.

Solitaire, Il n'a pas choisi sa condition

Reçue comme un cadeau empoisonné

D'un démon cynique, un brin disjoncté

Adepte d'un monde en ébullition.

Son enveloppe charnelle ne lui correspond pas,

Ce changement lui pèse comme un embonpoint,

Le fait se refermer, serrer fort les poings

Presque à se cogner comme un forçat.

Non loin, une autre âme se balade follement,

Prend sereinement la vie du bon côté,

Rien n'a vraiment d'importance, mais la liberté

Lui fait un clin d'oeil avec amusement.

Leur rencontre provoque une vive étincelle

Car les contraires censément s'attirent, c'est connu,

Eux-mêmes n'en sont d'ailleurs pas encore revenus,

Quand un pacte scelle leurs esprits rebelles.

Deux coeurs bouillonnent au premier baiser,

Palpitent au son d'une douce musique

Qui réchauffe aussi les étranges mimiques

De deux amoureux fous étreints, enivrés.

Leurs mains se tiennent, se serrent tendrement

Pendant que leurs lèvres goûtent le plaisir

De s'embrasser avec fougue non sans rougir,

Leurs regards passionnés sont aimants.

Un couple se forme, devient inséparable

Rappelle en tous points ces oiseaux exotiques

Très liés, si proches, une réelle réplique

D'un sentiment éternel plus que palpable.

Chaque minute d'une absence devient un drame,

Chaque heure au loin est un réel supplice,

Un manque provisoire de ces regards complices

Rend malheureux deux êtres en amalgame.

Deviner est simple quand on aime par fusion,

Au gré d'un quotidien sans cesse partagé,

Des ailes poussent les font bien vite s'envoler

Vers un univers douillet plein d'attentions.

Un couple avance dans la vie avec confiance,

Tire la couverture à deux pour mieux se réchauffer

En attendant patiemment les prémices de l'été,

Et nager dans un doux cocon qui se balance.

Pris de folie, un vampire n'est plus sûr de rien,

Eloigné de ses repères il se dirige à vue,

Peut-être même mordre le premier venu,

Quelqu'un de son espèce aussi bien.

Des visions l'assaillent, le font cogiter,

Jouer dans des films plus vrais que nature,

Où tout le monde se ressemble, pas une sinécure

Quand le sang vire au bleu, en bande dessinée.

Eternel, ce supplice revient à heures fixes

Fait transpirer bien plus que de raison

Cet être sanguin sensible aux ultrasons,

Ses pulsions meurtrières sont prolixes.

Quelques signes avant-coureurs émergent,

Des gouttes de sueurs coulent, le font ressembler

A un sportif en plein effort, presque effondré,

A bout de souffle, de parfum s'asperge.

Mais le goût du sang se rappelle à lui,

Le fait trembler de tous ses membres,

La couleur de ses yeux vire à l'orange

Quand une victime, dans ses pensées, le fuit.

La crise atteint son ultime limite, explose,

Pour laisser place à un étrange repos,

Plus le temps de s'apitoyer, ni faire le gros dos,

Un carnassier dompté tombe sous hypnose.

Un parfum Chloé diffuse ses douces saveurs

Et fait se retourner un passant curieux

A la recherche d'un regard, quelques indices sérieux

Sur ces effluves dont il veut la primeur.

L'envoûtement fait son effet, capture bien vite

L'attention d'une victime en puissance

Lancée sur une piste, imprime une cadence,

Pressé de découvrir l'objet de cette invite.

Des pas subtils tournent le coin de la rue,

Le mystère continue librement son oeuvre,

Un brouillage de piste, peut-être une manoeuvre,

Une intrigue pour prolonger un temps l'inconnu.

Un parapluie s'ouvre, pas de chance vraiment

Mais laisse apparaître au moins une silhouette

Fine, sexy, craquante comme une allumette

Prête à mettre le feu à un coeur immense.

Une écharpe glisse, une main attrape lestement

Le doux tissu chargé de cette empreinte délicieuse,

Ce Chloé pur jus, concentré de passions amoureuses

Partagé d'un clin d'oeil par dessus l'épaule, insistant.

Un sourire de tous les dangers maintenant rayonne,

Inonde de bonheur son admirateur anonyme,

Un échange de baisers n'est pas un crime

Quand deux êtres devenus proches ronronnent.

A l'instinct, une lionne sauvage s'accapare l'espace,

Esquisse plus qu'un audacieux rapprochement,

Sa chevelure ondule, flotte dans le vent,

Vient réchauffer des bras conquis, en mode carapace.