Une tempête de sable accompagne une caravane
De son souffle venu de nulle part,
Modèle des chemins, des cheveux en pétard
Volent au vent en mode deltaplane.
Une lutte s'engage contre les Eléments,
La Nature s'emporte, fait vite le ménage,
Sur place, redistribue les paquetages,
Les case ça et là, en plein affolement.
Les dunes grouillent de ces vies qui s'abritent,
Pour éviter le pire, un oubli à jamais,
Le sable s'amoncelle, entre sans demander
Dans ce cortège épars qui périclite.
Enfin,le vent s'arrête, mais les grains sont mouvants,
Grippent les machines autant que l'humain
Qui s'enfonce, perd pied, tente par tout moyen
De s'agripper, de survivre plus longtemps.
Les rescapés refont surface tant bien que mal,
Ceux qui le peuvent, sur les hauteurs veillent
Aux moindres faux-pas, aussi surveillent
Les allées et venues, estiment les besoins.
Tant bien que mal, les tentes se dressent,
Regroupés, les dromadaires s'agenouillent,
Sur un feu de camp, lentement, mijote la tambouille,
Pour un repos bien mérité, loin du stress.
Un vampire, perdu dans ses délires, a bu pour oublier
Que sa vie sensément est éternelle,
Il a ajouté quelques croix à sa liste personnelle
De tâches, mais rien ne parvient à l'amuser.
Bien sûr, il titube sur ses idées peu claires,
Pourtant il reste lucide sur certains points,
Son apparence fait peur et il est bien loin
De pouvoir maîtriser constamment sa colère.
Sa position s'apparente parfois au "Penseur de Rodin",
Un être sombre qui s'interroge sur le sens de la vie,
Un voleur d'âmes cruel doté d'un crucifix
Qui lui diffuse une douleur sur lit de kaolin.
L'alcool s'évapore et l'aide à reprendre ses esprits,
Mais ses crocs se plantent dans une réalité sans illusions,
Des mirages de sable lentement écoulent sa déception
Qui le happe, bien loin d'éteindre son incendie.
Ce mal insidieux le ronge depuis trop longtemps,
Une plaie trop profonde lui rappelle sans cesse
Combien il est maudit, plus jamais ne caresse
L'espoir d'un retour en arrière, même sous serment.
Ses paroles n'ont plus aucune valeur, ne peuvent pas
Changer le cours d'un destin incontrôlé,
L'image qu'il renvoie, celle d'un diable ensanglanté,
Lui fait suivre les traces du légendaire Lestat.
Un chercheur peine à trouver l'alchimie parfaite,
Le suprême parfum qui le rendra vite célèbre
A travers le monde, c'est un drôle de zèbre
Qui n'en est pas à son coup d'essai, part en conquête.
Une goutte par-ci, une goutte par-là, à l'inspiration,
Des ingrédients choisis à l'envie,
Juste une question de dosage presque à l'infini,
Mûri par tant de précision.
Parfois, il se tue à la tâche et s'endort,
Le fil de ses rêves l'emmène bien loin
Dans des contrées sauvages, aux quatre coins
D'une planète dont il est le "Commodore".
Des plantes et des fleurs lui font une haie d'honneur
Et facilitent sa cueillette. Porté par son odorat,
Ce spécialiste travaille dans l'anonymat,
Bientôt, sa récolte sera sous le feu des projecteurs.
Des noms circulent, se bousculent dans sa tête
Pour cette création, cette effluve de tous les espoirs
A porter sur la peau du matin jusqu'au soir,
Un cadeau permanent sur un air de fête.
"Cléo" pour Cléopâtre, comme une invitation
Que "Clio" détrône en tendance actuelle,
Transporté ailleurs, c'est par retour de manivelle
Que s'impose "Chloé", dans son bocal, en immersion.
Une clé tourne dans une serrure rouillée,
Ouvre un passage lugubre, un de ces endroits
Qui fait froid dans le dos, et même parfois
Ravive des peurs lointaines, inavouées.
Une torche fait danser les ombres
Sur des parois bercées d'étranges lueurs,
Des vies factices aux repères farceurs
S'en donnent à coeur joie dans la pénombre.
Lointain, un rai de lumière signale ce jour
Qui périclite à l'approche de la nuit,
Des chauve-souris s'activent, leur action se poursuit
En hordes sauvages, assoiffées comme toujours.
Un vampire domine les débats, ses yeux s'éclairent,
Son regard de braise laisse libre cours
A ses pulsions injectées de sang, compte à rebours
Le temps qui lui reste pour prendre son dessert.
Fin gourmet, il n'aime pas la précipitation,
Ses envies son multiples, et ses choix immenses,
Peut-être croisera-t-il avec un peu de chance
L'amour de sa vie, c'est sa conviction.
Ce rêve le tourmente, un rêve inassouvi
Qui attendrit son coeur de pierre,
De tout son saoul, par pensées, se désaltère
D'un tendre baiser qui l'aura conquis.
Au cours de circonstances truffées de décibels,
Un être improbable se démarque, n'a pas les faveurs
D'un destin infini, peut-être là par erreur
Il se balance dans un vide incertain, mortel
Un vampire se teste, fait des acrobaties,
D'autres y ont laissé des plumes,
Pourtant, des feux rouges s'allument
Mais ignorés, parfois leur prennent la vie.
Un jeu qui peut mal finir, d'autant qu'au sol
Des pieux attendent le moment crucial
De transpercer des corps pour le plus mal,
Un scénario dont peu se désolent.
C'est un rituel, un passage obligé vers cet état
De transe, pour un groupe de vampires
Qui s'invente des risques, pour que respire
Leur liberté d'action, même pour un trépas.
Un arbre pour la vie ou la mort, une transition
Vers le côté sombre au mieux ou un tas de cendres,
certains rusent en version salamandre
S'accrochent aux branches, cachent leurs émotions.
Un tremblement de terre redistribue les cartes,
Secoue les âmes autant que les corps,
Aucun Prince ici, même Consort,
Ne sera épargné, leur modèle est Sparte.
Le palpitant d'un vampire inquiet s'accélère
Ses pensées s'entrechoquent vainement à la recherche
D'une vérité qui le fuit, s'agrippe à une perche
Dans l'espoir de trouver la vie moins amère.
C'est certainement, pense-t-il, un mauvais rêve
Où se mêlent ses émotions et ses peurs,
Parfois pointe du doigt toutes les erreurs
A ne plus commettre, mais son attente est brève.
Son corps prend de la hauteur en pure élévation,
Plane surtout quand des ailes lui poussent,
C'est contre-nature, ses cordes vocales toussent,
A ne plus parler, peut-être par rémission.
Une douce voix l'appelle, le tire de son sommeil
Dans un brutal sursaut, la sueur apparente,
Un bras le serre, et pour lui commente
Sa réaction qui fait suite à son réveil.
Son aspect change, ses traits se tirent à l'extrême,
Il a beau se frotter les yeux, ne peut croire
Ce qu'il voit dans ce proche miroir
Qui reflète son visage dans un étrange dilemme.
Une âme se reconnaît telle qu'elle s'était perdue,
Très humaine et pleine de bonté,
Un ange par là vient de passer,
Sa piqûre de rappel a agi, qui l'eût cru !
Un ange s'éveille pour une dure journée de labeur,
Peu de repos, beaucoup de réconfort à apporter,
Prendre soin de son prochain est devenu plus qu'une idée,
Une obsession qui active constamment son esprit protecteur.
La plate-forme n'est pas téléphonique mais si spirituelle
Qu'on l'évoque souvent à maintes reprises,
Pour lui ce n'est pas une réelle surprise,
Il est réceptif aux appels de détresse rejoints à tire d'ailes.
Comme à son habitude des picotements l'habitent
Dès que de douces cloches l'interpellent,
Sonnent le moment pour lui de se mettre en selle
Pour un voyage lumière quelquefois critique.
Le transport est instantané, c'est sa force ultime,
Son aide est immédiate pour qui est demandeur,
Les maux d'amour, rassembler les coeurs
Font partie de ses missions, lui font gravir les cimes.
Son nom se prononce de bien des façons,
Pour l'instant "Angel G" s'écrit en lettres d'or,
Enrobe de sa présence un espace conquis, excelsior
Dans bien des domaines sans donner de leçons.
Surtout, la vie est un miracle tellement fragile
Qu'elle a besoin d'une couverture étincelante,
Parfumée à la Chloé bien plus se réinvente
Une image qui touche au coeur en plein mille..