Le blog de Topirate

Un soupçon de calme précède la tempête de décibels,

Un moment où vraiment tout se met en place,

Pour l'instant au repos les esprits se délassent

Mais activent leurs méninges d'esprits rebelles.

Les pôles positions sont prises, les micros sont en mains,

Pour ces chanteurs en herbe l'instant est crucial,

L'ambiance va bientôt prendre un rythme maximal

Pour un auditoire conquis qui souvent vient de loin.

Les premières notes donnent vite le ton de voix

Qui commencent rapidement à prendre leurs places,

En variations rythmées, laisse exploser les carapaces

Intérieures pour que sortent quelques loups du bois.

Parfois, la partition endiablée s'oublie et fait des siennes,

Ensorcelle les trémolos qui se jouent du diapason,

L'ensemble prend forme, ficelle la douce chanson

D'un lien intime peut-être aux sources indiennes.

Ce concert si particulier rend l'ambiance captive,

Emplie de passions, alimentée de gestes incontrôlés,

Parfois les artistes incorrigibles prennent des contre-pieds

Magiques, qui emportent le public en danses lascives.

La musique s'accélère, les vagues successives grondent,

Par hautes variations les notes folles s'enchaînent

Jusqu'à s'enflammer, ne sont jamais à la traîne

Jusqu'au bouquet final, qui laisse coi les fans en nombre.

Un vaste nuage se répand, se rend vite maître

D'un moment paisible qui ne demandait rien,

Sa noirceur éclate au grand jour, certainement un bien

Pour la végétation, une aubaine à connaître.

Les premières gouttes apportent la fraîcheur attendue

Par un ruissellement envahissant qui gorge le sol d'eau,

Fait disparaître la sécheresse chronique d'un tableau

Qui s'anime, reprend vie, par ondées impromptues

Un tapis vert se forme parsemé de minuscules insectes,

Au travail, en file indienne, en recherche constante

De quoi se substanter,  les tiges sont croquantes,

Les sucs sont des mets dont ils se délectent.

Mais trop d'humidité finit par peser, par créer

D'autres ravages insoupçonnés, une pluie incessante

Qui rend au final l'atmosphère pesante

Suivie d'orages qui redoublent prêts à tout dévaster.

Ce qui ne tarde pas à arriver, la terre devient boue,

Les ruisseaux se font rivières, élargissent des passages

Pour emprunter maintenant des voies rapides, volages,

Et mieux provoquer des drames qui rendent fous.

Des pans de terre s'écroulent, des arbres ne résistent pas,

Des éclairs se chargent de foudroyer au hasard

Pour qui ou quoi a le malheur un matin ou le soir tard

De se trouver là pris dans un tourbillon, pas de samba. 

Une tomate se sent seule, mais sait renifler les bons coups,

Son parcours a été long jusqu'à cette taille raisonnable

Qui l'a fait rougir de plaisir; l'a fait s'évader d'un stade

Où tous les records étaient permis après tout.

Rien n'était gagné au départ mais elle a pris de la graine

Jusqu'à pousser, pousser; atteindre des sommets

Contre vents et tempêtes, elle a su bien gérer

Une progression qui a tout d'une aubaine.

Elle a le goût pour les choses bien faîtes, la saveur

Du devoir accompli, d'avoir atteint son but final,

Après bien des péripéties, le reste lui est bien égal

Ses formes généreuses jouent en sa faveur.

La météo a souvent été capricieuse, à contre-courant

D'une poussée sereine, plein vent ou trop aride

La plante a parfois abrité des chrysalides

Qui ont aussi causé quelques fâcheux tourments.

La rouge couleur a pourtant percé au soleil

Après des mois d'attente, de patience et d'attentions,

La tomate n'est pas seule, une colonie en ébullition

Voit aussi le jour dans un jardin aux merveilles.

La cueillette approche pour les plus précoces d'entre-elles,

De toutes tailles, de toutes formes selon les variétés,

Même celle à l'instant qui s'est doté d'un nez

Improbable pour les connaisseurs, mais bien réel.

La pluie inonde le visage d'un triste vampire

Qui s'inquiète maintenant de son amour perdu,

Toujours présent dans sa mémoire de crochu

Il perd pied bercé d'illusions, son état bien plus empire.

Des larmes prennent le relais sur ses joues blanches

Exsangues d'un sang dont il n'a plus la trace

Dans ses souvenirs éteints, des visions fugaces

Lui traversent l'esprit de temps à autre par avalanches.

La fièvre l'envahit, brûle des cartouches

Sur sa peau cendrée qui n'a plus rien à attendre,

Un terrain dévasté peut-être prêt à se rendre

A l'évidence, sa malédiction plus que jamais le touche.

Un fil d'Ariane se pose sur lui, au hasard croit-il,

De ces liens solides qui parfois rattachent à la vie,

Ressent une tension qui provoque en lui le défi

D'un changement qui le frappe au coeur en plein mille.

Son pouls s'accélère, l'emporte dans un espace

Caché des mortels, dissimulé dans une recoin sensible,

Refait surface pour que renaisse, passé au crible,

Tout un passé heureux conservé dans un palace.

Un craquement intérieur se fait entendre, libérateur,

Le fil se tend, remonte à la surface une frêle silhouette,

Un visage béni, une âme soeur pour l'instant muette,

Prête à rallumer la flamme de sentiments ensorceleurs.