Dormir, un maître mot pour Alexandre maintenant seul,
Quand le lit irrésistiblement l'appelle de toute sa douceur,
Depuis le temps qu'il en rêvait, il en voit maintenant la couleur
Et s'y presse bien plus que sur un champ parsemé d'éteule.
Pourtant la priorité est toute autre, mettre dehors les animaux,
Oies, canards, lapins, vaches libérés dans la ferme,
Et enfin comme pour lui mettre ainsi un terme
A une frustration pesante qu'il souhaite au plus tôt.
Trois jours déjà qu'il vit dans un rêve où la paix domine,
Loin des préoccupations d'un monde guidé par le rendement,
Ses amis pourtant s'inquiètent de ne plus le voir, évidemment
Se rendent à son chevet pour juger de sa mine.
Alexandre les renvoie dans leurs buts sans ménagement,
Son retard de sommeil est immense, et le leur fait comprendre,
En sortant le fusil, n'hésitera pas à faire entendre
Sa prise de décision sur plusieurs mois d'isolement.
Trois mois ont passé, et pour seul compagnon un chien,
"Le chien" qui va tous les jours quêter la même pitance
D'un fainéant, par panier interposé au rythme d'une cadence
Journalière et bien rodée, les commérages vont bon train.
Agathe se prend de sympathie pour cet homme à distance,
Une poire pour la soif, un geste pour attirer son attention,
Pendant que les autres paysans sont touchés par cette contagion
Qui se répand jusqu'aux écoliers, en connivence.
Un amour naissant se tisse à travers la porte d'une chambre,
Un échange de photos, des mots qui percent les coeurs,
Juste après, un bruyant orchestre commence avec ardeur
Et tente de faire craquer sa résistance pour lui faire comprendre.